Au hasard de nos interventions ou de nos rencontres dans des ETI ou des filiales de groupes industriels, il est une qualité que l’on retrouve très rarement chez les dirigeants, et qui en général fait toute la différence : le COURAGE.
Nombreux sont les exemples d’entreprises dans lesquelles les non-décisions, les petits arrangements entre amis de type donnant-donnant, ou encore pire les « je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette » créent des situations d’immobilisme, alors que le contexte extérieur bouge en permanence.
Ceux qui disposent de cette qualité osent, transgressent les codes et les habitudes, avec parfois des écueils qui font partie de la courbe d’apprentissage, mais au global les résultats sont assez élogieux. Il est assez facile de trouver des publications, des vidéos ou des conférences sur des entreprises qui ont pris des directions ambitieuses sous l’impulsion de véritables leaders.
Par contre, il est très fréquent de rencontrer des patrons qui, contrairement à ce qu’ils affichent dans les diners mondains, organisent l’immobilisme de leur entreprise. On pourrait en dresser assez facilement un portrait robot, même si les généralités sur ce type de comportement ne sont pas toujours bienvenues. Essayons tout de même, et notez la cohérence de ce qu’ils ont mis en place :
- Ils ont assez fréquemment une image élogieuse d’eux-même, qu’ils entretiennent soigneusement,
- Créateurs ou non de leur entreprise, ils ont « assis » leur position grâce à des jeux politiques subtils,
- Leur implication opérationnelle dans l’organisation du traitement des aléas du quotidien est assez faible (ce n’est pas leur travail)
- Ils ont construit une organisation (et l’entretiennent soigneusement !) où les responsabilités sont très morcelées,
- En général, ils s’entourent de collaborateurs suiveurs qui se contentent d’appliquer, sans remettre en cause (de manière frontale) les décisions du chef, même s’ils ne sont pas toujours d’accord,
- Il leur arrive d’avoir une relation assez cynique avec les salariés de l’entreprise : ils les cooptent pour les mettre en place, puis à la moindre difficulté, n’hésitent pas à dénigrer ces mêmes collaborateurs, sans réellement chercher à les aider,
- Les plus téméraires arrivent même à lancer des projets « ambitieux », dans lesquels ils utilisent parfois des ressources externes comme déclencheur d’une « pseudo-réorganisation » qui se voulait ambitieuse, mais qui perd tout son sens rapidement grâce à des petits compromis avec ceux qu’ils cherchent à protéger (la reconnaissance du ventre en quelque sorte),
C’est là un portrait qu’on pourrait dresser également pour de nombreux dirigeants politiques, et qui produisent les mêmes résultats d’inertie et de ras-le-bol chez tous ceux qui ont à subir ce type de « managers ».
Pour reprendre une autre citation célèbre de Woody ALLEN, « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ! »
Quel avenir prédire à ces entreprises : probablement difficile, à moins que la greffe de courage ne réussisse vraiment !